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LabCare - projet de diplôme DSAA Design produit à l'école Boulle - Elise Rigot

Novembre 2014 - Juin 2015

 

 

rigot.elise@gmail.com

 

 

 

 

 

 

 

 

/// Le designer trouve nouvellement sa place au sein des laboratoires de recherche scientifique d'où sont issus un complexe champ d'objets techno-scientifiques.

Les implications sociales et éthiques qu’ils sous-entendent doivent cependant explicitement être questionnées. 

Comment crédibiliser, donner à voir, comprendre, incarner ce que sont les objets de la recherche scientifique ? 

LabCare est un projet prospectif qui tire son essence de la rencontre avec plusieurs chercheurs de l'équipe NanoBioSystèmes du Laboratoire d'Analyse et d'Architecture des Systèmes (LAAS) de Toulouse. Il exprime ce que pourrait être une médecine prédictive à l’heure où des technologies tel que le laboratoire sur puce permettent de faire du diagnostic nano tel que pour la prévention du cancer.

LabCare incarne la technologie du laboratoire sur puce et se veut une discussion ouverte sur ses futures applications. ///

 

 

 

Peaux Artificielles

 

J'ai été accrédité sur une démarche prospective autour du tissue engineering et plus particulièrement des peaux artificielles. J'ai orienté la recherche et l'écriture de mon mémoire dans ce sens. Grâce l'écriture du mémoire, j'arrive à surpasser la première fascination de ce biomatériau vivant, et je me rends compte très vite que c'est l'environnement spécifique des technosciences devenues la nouvelle industrie, qui m'interesse. 

 

 

A la rencontre du liminal 

 

J'ai choisi d'écrire mon mémoire sur la rencontre avec le liminal. J'emprunte ce mot à Susan Merill Squier qui dans Liminal Lives insiste sur l'importance de la fiction par la littérature dans la recherche scientifique. C'est une notion qui convient particulièrement bien pour parler des peaux artificielles que ce soit pour la porosité même du matériau ou sa nature ambivalente entre inerte et mouvant car la liminalité exprime un état de seuil, de transition. Les vies liminales, ce sont des embryons, des cellules souches, des petites vies dont on a du mal à quantifier l'importance. L'état d'entre-deux qu'elles incarnent et qui définit le liminal transparait en fait dans toute la recherche scientifique actuelle sous le sigle des NBIC. Les NBIC c'est un sigle qui signifie la convergences de quatres domaines : les nanotechnologies, la biologie, les science de l'information et les sciences cognitives.  Par la totale imbrication de la science et de la technologie, les laboratoires deviennent technoscientifiques. L'arrivée de la technologie et de la rationnalisation dans les laboratoires en font des lieux de production à la fois de savoir et nouvellement d'objets : d'objets technoscientifiques. Leur puissance productive et leur poid économique  font qu'ils deviennent la nouvelle industrie. La vitesse à laquelle se développe cette industrie donne de nouveaux désirs à la société. 

 

Démarche

 

Pour comprendre comment en tant que designer je pourrai m'approprier des questions à priori complexes, ma démarche a été de visiter ces laboratoires technoscientifiques afin de les comprendre, de comprendre leur écosystème, leur mode de production et de concevoir ce que pourrait être le rôle du design dans ce nouveau champ de production. 

Un des points les plus saillants que j'ai pu observer est la rationnalisation des manipulations biologiques que l'on nomme biotechnologies et qui se note par la prolifération de machines en tout genre dans l'espace du laboratoire. Ces marchines permettent en fait la fiabilité, la reproductibilité et un moindre cout des manipulations de recherches scientifiques ce qui permet d'implémanter des bases de données à l'échelle mondiale.

 

Le rôle du designer au sein des laboratoires technoscientifiques est d'extraire les objets de la recherche scientifique pour les mener vers leur juste acceptation sociale.

 

De contact en contact, j'arrive petit à petit dans un lieu où je sens que je trouverai ma place. Premièrement car j'y suis bien acceuillie et que ma démarche y est comprise, deuxièmement parce que nous partageons la même philosophie où la recherche ne soutient pas un discours transhumaniste mais agit bien pour le Care. 

 

LAAS

 

Ce lieu, c'est le LAAS de Toulouse. Le LAAS, laboratoire d'analyse et d'architecture des systèmes se compose en deux batiments : ADREAM et ALIVE. ADREAM est essentiellement un batiment consacré à la robotisation et à l'automatisation. Dans le batiment ALIVE, acronyme signifiant Analyse des interactions avec le vivant et l'environnement, je rencontre Christophe Vieu, qui s'occupe des nanoécoles, initiative personnelle pour que les collégiens comprennent l'enjeux des nouvelles technologies. Pour la petite histoire, en 2010, je faisais parti de l'une de ces premières expérimentations de nanoécole et nous avions appris en 1re S à peigner de l'ADN sur une biopuce à l'ITAV sur le campus du cancéropole de Toulouse lors d'un stage immersif d'une semaine dans la plateforme bionanotechnologie. 

 

A ce moment là, Christophe m'invite à discuter de mon mémoire au sein de l'équipe pour ouvrir au débat et à une possible collaboration. Quelques membres de l'équipe acceptent de se prêter au jeu de mes questions. Je rencontre Julie Foncy qui travaille sur la démocratisation des biopuces à ADN, Raphael LeMarchand qui construit un modèle basé sur la microfluidique pour étudier les circuit électrique des neuronnes, Hélène Cayron et Aline Cerf qui travaillent sur le design d'une cage à cellules tumorales circulantes à l'échelle du nano, Aziliz Lecompte qui met au point des électrodes implantables dans le cerveau humain avec un matériau biocompatible, la soie; et Laurent Malaquin qui entre autres choses met au point un laboratoire sur puce par la micro-fluidique.

Je me rend compte qu'ils travaillent sur un champ d'objets extrêmement vaste.

Que ce soit là encore des modèles scientifiques, des recherches d'industrialisation de procédés techniques, de l'ingéneering nano et micro, tous travaillent sur des objets déjà fini qui sous-entendent un scénario en devenir. C'est ce potentiel qui m'interesse qui plus est car les objets de la recherche scientifiques sont souvent mal compris du grand public.

 

Les deux grandes directions de l'équipe telles que  résumé par Christophe sont celle du diagnostic nano qui conduit au concept de médecine personnalisée et de la recherche nano pour la bio qui conduit à une médecine regénératrice. 

 

Je choisi d'orienter ma recherche autour du diagnostic nano de par sa forte implication sociale avec la notion de médecine personnalisée qui fait débat actuellement. 

La question, est donc de savoir comment nous pouvons véritablement faire de la médecine personnalisée sans que celle-ci soit simplement une médecine personnalisée. 

Lab on a chip

 

Le laboratoire sur puce m'interpelle de par sa production totalement industrielle et les échelles qu'il questionne. Son échelle physique, car en effet le laboratoire sur puce est l'idée qu'un objet de quelques centimètres carrés puisse faire la même chose qu'un laboratoire d'analyse médical. Son échelle temporelle, car il permet de faire des analyses en quelques heures là où avant il fallait quelques jours. Son échelle de sensibilité, car il implique un rapport nouveau à son corps avec l'accès à la sensibilité du nano, échelle de l'ADN. 

 

Le laboratoire sur puce s'inscrit dans un écosystème complexe :

 

Les questions biologiques viennent des cliniciens qui se demandent comment diagnostiquer un cancer le plus tôt possible puisque ce sont en faire les métastases qui sont mortelles pour le patients et que ce derniers détient dans ses gènes des marqueurs du cancer, 10, 20, 30 ans avant l'apparition des symptomes. 

Ils demandent alors aux chercheurs-ingénieurs de fabriquer des systèmes pour trouver des biomarqueurs plus sensibles à l'intérieur même des cellules, des biomarqueurs à l'échelle nano (10-9).

Les chercheurs fabriquent ces systèmes qui sont testés sur des cohortes de patients et mis en coorélation avec des bases de données tout en en alimentant de nouvelles. Ces Big Data servent alors à tous pour orienter le plus finement possible le traitement de chacun. 

Les industries pharmacologiques s'emparent de ces données pour sortir de nouveaux candidats médicamentsà spectres réduits allant dans le sens contraire de la tendance actuelle. 

 

Juste une précision, le laboratoire sur puce n'est pas une technologie qui permet le séquençage ADN mais permet de faire du diagnostic à une échelle plus sensible, celle du nano et du suivis de traitement. 

Actuellement  son utilisation se fait par une prise de sang classique introduite dans une cartouche micro-fluidique qui est un consommable produit industriellement, de scanners à fluorescence et soumis au filtre médical. 

 

L'enjeu pour le patient est de comprendre et d'accepter cette technologie à sa juste mesure, pour le clinicien d'avoir des supports pour l'expliquer, pour la laboratoire de recherche d'avoir un rayonnement éthique de sa technologie. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LabCare

 

A mon sens, il y a une nécessité de court-circuiter le système actuel de par l'échelle à la fois physique et temporelle du laboratoire sur puce. Je propose d'incarner la transition, d'ici 10 ans de cette technologie dans un lieu dédié. Il s'agit d'incarner ce que cela veut dire de donner des cellules qui sont potentiellement porteuses d'informations sur mes risques de cancers et de crédibiliser cette technologie sans en banaliser l'utilisation. 

Le coeur du projet a été de dessiner les objets qui permettent au laboratoire sur puce de véritablement faire de la médecine prédictive et de les inscrire dans un scénario viable. 

 

Les objets que je choisis de dessiner sont :

 

Un LabPass qui permet l'accès à son LabProfil (qui est l'idée relativement simple d'un dossier médical numérique) et qui est également un espace de stockage : le Passeport Biologique où sont stockés les données d'analyse brutes des biomarqueurs du labUser. 

 

Un lecteur associé qui permet la confidentialité stricte des données brutes d'analyses et la connexion du LabPass avec la cartouche microfluidique lors de la prise d'échantillon. 

 

Le laboratoire sur puce constitué de deux éléments : La cartouche micro-fluidique qui est la partie technique et qui est un consommable. Elle est préparée à l'avance selon l'analyse à faire et est connectée au LabPass grâce à son numéro de série et au lecteur. Et le support en pierre qui permet de se placer correctement. C'est un pendant sensible et symbolique de la prise d'échantillon.

Un écosystème : Le LabCare qui est régit par une charte, garante de l'éthique de ces lieux qui sont des concepts viraux. 

 

Dans un premier temps, il s'agit de remplir son profil. Il y a deux volets : son parcours de vie et son parcours médical, car en effet le cancer est une maladie complexe à la fois liée à nos choix de vies et à notre histoire familiale. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ensuite, je suis invitée à prendre rendes-vous avec un LabFollower qui est un proffesionnel de santé agréé qui  suivi des modules spécifiques au laboratoire sur puce (technique, psychologique, statistique). 

Mon espace profil devient un support de discussion avec mon professionnel de santé référent et oriente l'analyse ( donc la cartouche) à fournir. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les analyses sont sur une cartouche micro-fluidique. 

Le LabFollower met en relation le Passeport Biologique (partie de stockage) avec la cartouche micro-fluidique grâce au lecteur associé et au numéro de série de la cartouche.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La prise d'échantillon est un moment particulier où le LabUser est directement confronté à l'objet technoscientifique. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A la fin de la prise d'échantillon, le LabFollower reprend le LabPass au labUser et la cartouche qui seront analysés par une équipe pluridisciplinaire formée par le LabFollower, un médecin généticien et un bioinformaticien au moins. 

 

Les données brutes d'analyses réservées à la recherche sont stockés sur la Passeport biologique et servent à implémenter des bases de données. 

 

Quand les résultats sont prêts, le profil du LabUser a été implémenté d'un contenu explicatif : courbes prédictives des différents biomarqueurs analysés, des conseils et un systèmes de notifications qui se veut non intrusif connecte le plus tôt possible le LabUser au bon professionel de santé. 

 

 

LabCare est un concept viral qui éclo au sein de la ville (dans les laboratoires d'analyse qui s'adapte aux nouvelles technologies par exemple) par une adhération à une charte modératrice. 

 

La charte est composée de trois piliers : 

 

Un pilier technique : par la présence du laboratoire sur puce, des scanners, lecteurs, accès aux bases de données sur les biomarqueurs et les salles de préparation. 

 

Un pilier social : avec une salle de discussion, un regard croisé sur le diagnostic et les modules formateurs pour les LabFollower

 

Un pilier juridique : de par la confidentialité des données du profil LabCare et le partage anonyme des données pour la recherche scientifique

 

Les modérations de la charte sont incarnées par les objets du LabCare incarnant un nouveau paradigme d'une médecine prédictive. 

 

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